DÉMARCHE

PORTRAIT D'ARTISTE / 2013

Réalisé par Duane Cabot, Gaspé, 2013 / lien VIMEO


Portrait d'artiste / John Michaud











Summary, below

ÉVEIL AUX ARTS
Né en Gaspésie en 1950, John Michaud développe très jeune un intérêt pour les arts visuels.  Encouragé dès l’adolescence par ses proches, il est vite imprégné des tendances de l’époque en observant à Percé les manifestations des artistes Guité, Chicoine, Bruneau et des nombreux autres créateurs professionnels y séjournant l'été.

À cette période, il explore les techniques du dessin et de la peinture et suit quelques cours de dessin.  Il obtient une bourse en 1965 pour suivre des ateliers en arts visuels au Camp Orford. Dans les années 1966 et 1967, il a eu le privilège de participer à l’exposition itinérante « Profil d’artistes, Gaspésie-Bas-Saint-Laurent » organisée par le ministère des Affaires culturelles du Québec avec des artistes reconnus, notamment Clément Rodrigue, Danielle April, Léonard Parent, Owen Chicoine et Françoise Bujold.

Exposition 
Profil d'artistes, Gaspésie-Bas-St-Laurent
Photographie/ministère de la culture










Gaspésie 1965

John Michaud, Mont-Orford, 1966
















FORMATION ET EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE


John Michaud étudie les arts plastiques au Cégep de Sainte-Foy et obtient un baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval, en 1975. Il est sans aucun doute influencé par les courants artistiques des années 60 à 70 au Québec. Durant sa formation, il s’initie à différents médiums et techniques et il participera à quelques expositions collectives, notamment au Palais Montcalm, à la Tour des arts de l’Université Laval et, en fin d'études, au Musée du Québec.

Bien que sa démarche artistique reste en veilleuse pendant plusieurs années, John Michaud côtoie plusieurs artistes en art contemporain et demeure en lien avec des regroupements et des centres de production grâce à son travail comme professionnel et gestionnaire dans le domaine de la culture et des communications.  

DÉMARCHE ARTISTIQUE  

Au milieu des années 1990, John Michaud se remet à sa table à dessin. Il explore, expérimente, poursuit ses recherches plastiques sans pour autant diffuser ses travaux qu’il voit davantage comme une expérience picturale personnelle. Confronté, comme plusieurs, aux tendances figuratives et non-figuratives qui n’ont pas toujours fait bon ménage dans l’histoire de l’art, John Michaud s’investit librement dans une forme d’expression lyrique où le langage plastique et la gestuelle spontanée prennent place avec énergie.  Ses séries maritimes se démarquent par des vibrations et des tensions oscillant au rythme des couleurs vives et des formes qui se décomposent en mouvements successifs, provoquant parfois un sentiment de fracture de l’espace et de désordre. Ses œuvres témoignent de cette expression de la nature gaspésienne exceptionnelle, de cette impression que nous avons parfois d’être envahis et imprégnés de la vitalité et de la force omniprésente des éléments du paysage.  John Michaud a choisi ses propres repères et symboles, ses lieux maritimes et ses espaces imaginaires pour provoquer ce dialogue avec l’observateur, dialogue parfois troublant et annonciateur de la tourmente, parfois émouvant et sensible, réparateur, où l’émergence de la lumière s’impose.  

EXPOSITIONS récentes et à venir

2007:
  • Café des Couleurs, Ville de Percé, Québec
2008: 
  • Café des Couleurs, Ville de Percé, Québec
2009:
  • Galerie d’art Côté, Ville de Percé, Québec
  • Café des Couleurs, Ville de Percé, Québec
2010:
  • Participation à l’encan de la Fondation du Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke
  • Exposition collective à l’Université Laval, Québec
  • Galerie d’art Côté, Ville de Percé, Québec
  • Café des Couleurs, Ville de Percé, Québec
  • Symposium de Kamouraska
  • Exposition collective internationale à la Casa da Cultura de Cangas, Galice, Espagne.
  • Exposition, 27e Concours-Gala international des arts visuels son et lumière 2010, Montréal, Québec, organisé par Le Cercle des Artistes Peintres et Sculpteurs du Québec            
2011:
  • Exposition solo "Æncrages" à la Bibliothèque  Canardière, du 19 mai au 12 juin 2011; une collaboration de l’Institut Canadien de Québec et la Ville de Québec
  • Exposition solo "Æncrages" à la Galerie du Faubourg, Bibliothèque Saint-Jean Baptiste, Québec, du 21 juillet au 21 août 2011, une collaboration de l'institut canadien de Québec et la Ville de Québec
  • Exposition solo "Envol" à la Galerie du Grand Théâtre de Québec, du 27 juin au 1er août 2011
  • Exposition solo "Æncrages" à la Galerie de la Bibliothèque Aliette-Marchand, 233, boul. Pierre-Bertrand, Québec, du 27 août au 25 septembre 2011, une collaboration de l'Institut canadien de Québec et la Ville de Québec 
  • Exposition-vente à la Galerie d’art Côté, Ville de Percé, Québec, été 2011
  • Exposition-vente à la Galerie du Café Couleurs, Ville de Percé, Barachois, Québec, été 2011
  • Exposition collective à la Galerie du Beffroi de la Grande Place, Bruges, Belgique, organisée par le Cercle des artistes peintres et sculpteurs du Québec.
2012:
  • Participation à une exposition à Percé dans le cadre de la 10ième édition de la Grande traversée de la Gaspésie. Hiver 2012
  • Exposition-solo au Centre d'art de Kamouraska, du 18 mai au 17 juin 2012.
  • Exposition-vente à la Galerie du Café Couleurs, Ville de Percé, Barachois, Québec, été 2012.
  • Exposition -vente à la Galerie de la Vieille Usine de l'Anse-à-Beaufils, Percé, été 2012.
  • Participation à un encan de la Croix rouge, section Québec, novembre 2012, au restaurant Le Parlementaire, Assemblée nationale du Gouvernement du Québec.
  • Exposition-duo, "Rivages", avec Jean-François Demers, à l'Hôtel Belley, Québec, novembre-décembre 2012 et janvier 2013
  • Participation à une exposition collective du Cercle des artistes peintres et sculpteurs du Québec (CAPSQ), à la Galerie de l'Hôtel de ville de Lafayette, Louisiane, É.-U., en collaboration avec le Centre international de Lafayette, du 1ier au 15 décembre 2012.
calendrier 2013
  • Résidence d'artiste du 15 octobre au 30 novembre 2013, à la Maison d'Emma, St-Mathieu-de-Tréviers, France; sous l'égide de la corporation Les Vendémiaires et la municipalité de St-Mathieu-de-Tréviers.

ASSOCIATIONS  John Michaud est membre du-de
  • RAAV / Regroupement des artistes en arts visuels du Québec  ; artiste professionnel 
  • ENGRAMME / centre de production en estampes et diffusion en art actuel; membre-associé
  • Centre d'artistes Vaste et Vague
  • Conseil de la culture de la Gaspésie
  • VU, le centre de diffusion et de production de la photographie de Québec
  • Cercle des artistes peintres et sculpteurs du Québec
  • Manifestation internationale d'art de Québec
  • Studio-Galerie-Bécot; membre artiste-collaborateur
  • Centre d'art de Kamouraska

DES PROJETS À SUIVRE

John Michaud explore, actuellement, plusieurs thématiques: Envol, Et caetera, Arcane, Les îles en nous, Pièges, Æncrages, les Carrés de sable.

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John Michaud


Born in the Gaspé Peninsula in 1950, John Michaud became fascinated in his early teenage years with the work of artists who summered in Percé


He went to Québec City in the 70s to pursue post-secondary /university studies, eventually obtaining a bachelor’s degree in visual arts at Laval University. Though his artistic practice was put on hold in the years that followed, he continued to work closely with the creative milieux thanks to his administrative work in the cultural and regional development sectors.


John Michaud returned to his drawing board in the mid-90s and quickly adopted an energetic brushstroke that was both spontaneous and lyrical. Describing himself as hard to categorize, he takes great pleasure in working on a wide-range of artistic endeavours. He combines both figurative and abstract elements in his work that are based on his own personal references, without favouring a particular school or movement. His goal is to engage the observer in a dialogue: one that is sometimes troubling and poignant, and other times strong and vigorous with flashes of movement and light.
  

John Michaud’s love for the St. Lawrence and Atlantic coastlines shines through in his paintings, where he deftly recreates the raw vitality of maritime environments that so invigorate us.


His work has travelled from Québec City to the Gaspé Peninsula by way of Sherbrooke, Montréal,  New-York, Spain, France and Belgium. 

2011-07-15

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RÉFLEXION SUR L'ART PUBLIC



2012

Appellation inventée par John Michaud © "oeuvre hors public" fait référence aux oeuvres publiques majoritairement  réalisées dans le cadre de programmes d'intégration d'oeuvre d'art à l'architecture ou d'autres types de concours. Ce terme "hors public" évoque l'ensemble des projets en arts publics non réalisés qui demeurent à l'état de concepts, plans ou maquettes. Ces étapes confirment de toute évidence que l'oeuvre est conçue par l'artiste et présente tout le potentiel d'une réalisation d'envergure dans le sens que les phases d'idéation et de faisabilité sont complétées. L'oeuvre n'est pas matérialisée mais elle est déjà conçue. Nous pouvons comparer cette étape avancée de l'oeuvre (esquisse, maquette, faisabilité, etc)  à un prototype d'automobile avant de débuter la chaîne de production, à une sculpture de plâtre conçue pour passer à l'étape d'un moulage en bronze, à un manuscrit qui n'a pas franchi l'édition, à un master, bande originale voire même démo en prévision d'un CD, enfin, à l'écriture chorégraphique ou musicale encore sous manuscrit et qui n'attend que d'être produite et diffusée par une troupe ou un orchestre de chambre.

Les chaînons manquant à la concrétisation de ces oeuvres demeurent les conséquences d'un règlement et d'un processus administratif de concours publics dont la finalité demeure la sélection d'une oeuvre parmi plusieurs. L'appareil "public" impose des règles, des contraintes de programme, des exigences d'intégration à un espace ou à un lieu, une limite de budget et l'obligation d'utilisation de matériaux et de structures d'appui ou de support de l'oeuvre.  Quoiqu'il en soit, parfois insidieusement, les décisions se traduisent, bien souvent à l'insu de la rectitude du processus, par le résultat d'influence idéologique des membres de comités et l'orientation que veulent bien insuffler les experts-artistes qui participent à la sélection. Je crois que cette dynamique interactive est normale. Il faut souligner que toutes ces bonnes intentions de gestion semblent en apparence bien fondées, transparentes et soumises à un code d'éthique professionnel. Même si ce processus ne retient habituellement qu'une seule oeuvre à réaliser, il ne peut toutefois renier le fait que les oeuvres substituts ou rejetées présentent néanmoins un haut potentiel de réalisation.

Les projets-maquettes des concurrents non sélectionnés que j'appelle ici  "oeuvres hors publics" doivent être connus du public, des publics. Il apparaît inconcevable que le génie des créateurs non retenus, ces créations perdues dans les aléas bureaucratiques soient oubliées à jamais ou remisées dans les ateliers (croquis, plans, démarches et maquettes perdus-détruites-recyclées ou oubliées).

Les projets "hors publics" doivent faire l'objet de débats, de mise en valeur, de diffusion.  Ils doivent être présentés et accessibles à l'appréciation et à la critique du public et disponibles pour l'appréciation des professionnels du milieu des arts (critiques, historiens, centres d'artistes, revues spécialisées, universitaires). Ces projets sont libres de toute analyse, censure ou choix de comités intermédiaires bureaucratisés qui doivent réaliser un "mandat" un "contrat d'expert professionnel". Ces projets ont peut-être subi l'influence de gestionnaires et professionnels de projets, de contrôle de fonctionnaires, de représentation ou lobby de propriétaires, mais leurs concepts doivent être protégés, reconnus comme oeuvres originales, authentiques, inédites (même à l'état de maquette). Ils doivent être protégés par les lois sur les droits d'auteur et la propriété intellectuelle. Les institutions responsables de ce branle-bas de combat des concours et des sélections doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer la diffusion et la protection des concepts des créateurs: c'est un minimum de reconnaissance et de respect. Les artistes ont, eux-aussi, la responsabilité de faire connaître leur savoir, leur création qui demeure hors des circuits ou hors réseaux de production et de diffusion.


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Texte de présentation de l'exposition 
Æncrages, 2011 et 2012



L’exposition «Æncrages» s’inscrit dans cette démarche réinventée de la gestuelle, de l’intervention spontanée inspirée d’éléments de figuration ou thèmes précis. Ces «Æncrages» rappellent les anciens chafauds, quais et diverses structures ou instruments laissés aux abords du littoral, inventions «entre mer et terre», pour mieux apprivoiser le milieu de vie, milieu de subsistance.

L’exposition fait référence aussi à d’autres systèmes, bien charpentés, parfois construits comme une installation temporaire selon les saisons de pêche, comme par exemple ces fascines que l’on retrouve encore dans le Kamouraska, sorte d’engin pour piéger l’anguille dans des coffres.

Fascinantes par leurs agencements fantomatiques, intrigantes sculptures changeantes et mouvantes selon les angles, ces installations sont aujourd’hui barricades, témoins du passé, tresses de bois aux cordages échevelés, niches protectrices, perchoirs ou encore pièges pour la faune aquatique. Ils deviennent aussi curiosités pour le promeneur à la recherche d’esthétisme. 

Dans cette exposition, ces constructions, souvent insolites aux premiers abords, se déclinent à leur plus simple expression, à force de traits solides, les rendant à la fois redoutables et uniques par leur transformation, formes totémiques sorties du paysage. Ainsi, elles proposent une autre dimension à la réflexion de l’observateur. Ces traces du labeur, fruits de l’usure du temps, érodées par les  redoutables éléments de la nature, elles sont toujours là, dans notre mémoire,  témoins d’un passé partagé par plusieurs communautés maritimes.

Ces traits deviennent donc, selon les regards et les souvenirs, encrage du temps, encrage de la réalité, ancrage d’un lieu d’enracinement, point d’ancrage d’un patrimoine encore rêvé, ancrage entre continent et eau vive, ancrage entre civilisation.


Texte de présentation de l'exposition ENVOL
Grand Théâtre de Québec, 2011



John Michaud présente dans le cadre de son exposition, plus d’une dizaine de tableaux de sa série ENVOL, représentative de sa vision et de son interprétation de la nature gaspésienne, lieu de son enfance et lieu d’appartenance.



Ses compositions maritimes se définissent par un agencement d’images et de cadrages séquentiels. Plans rapprochés ou à la limite de l’horizon, parfois obliques ou angulaires, en piqué ou en plongée, ces constructions donnent l’impression de formations stratifiées du paysage, où l’on retrouve des failles, des points de rupture ou de convergence, et des mouvements entrecroisés. 



Chaque partie d’un tableau peut représenter un moment particulier, une valeur temporelle différente, contrastante ou dans un continuum. Ces espaces réels ou inventés nous proposent de découvrir, le temps d’un survol, une histoire de paysage. 



Observant et accompagnant ses «Oiseaux-Fous», John Michaud vous invite à jouer du regard et à vous envoler avec eux. Libre et aérien, il apprivoise l’espace et ses éléments, avec un élan du cœur et un œil vif. Le vol est parfois risqué au gré des courants et devient chorégraphie improvisée en surplomb de la mer, des rivages et des falaises. 



Dans cet univers maritime, John Michaud retrouve ses propres lieux imaginaires. Et comme il le souligne, «...tant pis pour les personnes qui n’ont jamais rêvé de prendre leur envol et de planer paisiblement ou fougueusement au-dessus de la mer».


LES CARRÉS DE SABLE

Étude présentée dans le cadre d'une exposition au Centre d'art de Kamouraska en 2012



Québec le 18 mai 2012. John Michaud présente au Centre d’art de  Kamouraska les premières réalisations d’une nouvelle étude intitulée Carrés de sable


Toujours sous le thème maritime, John Michaud définit ce travail comme une expérience particulière d’installations miniaturisées tout près de l’art actuel et de l’art public en maquette. Cette recherche se poursuivra pour prendre la forme d’une exposition unique, d’ici fin 2013, qui intègrera une quinzaine de ces carrés ainsi que des tableaux de grand format. 


Loin de la représentation du sable comme symbolique de pureté, de lumière, de repos qui depuis des millénaires a investi de nombreuses cultures, John Michaud utilise plutôt le sable comme référence aux bords de mer sauvages et imprévisibles de son enfance en Gaspésie, région qu’il revisite encore et qui lui a inspiré cette démarche artistique. 


Les carrés de sable s’affichent comme tout autant d’espaces homogènes, standards et limités par des frontières rigides, contrastant avec la liberté et la diversité des installations qu’ils accueillent. Ils deviennent ainsi des lieux de fiction,  rappelant soit un événement historique ou social, une association d’idées théâtrales ou encore l’expression d’un rêve de bord de mer.


Par ces installations, John Michaud fixe, telle une photographie, un espace et un temps donnés, évoquant ou racontant une histoire, mettant en scène des personnages et des lieux imaginaires ou des événements vécus qui interpellent de façon onirique notre univers, notre réflexion sur la société, nos rêves et nos vagabondages le long de plages réelles ou inventées.



L’origine de l’idée des carrés de sable



Il est difficile d’identifier exactement la source émergeant de cette idée ! Elle représente plutôt, pour John Michaud, le cumul d’expériences d’une vie : « elle est certainement liée à ma région maritime, son histoire, la vie des Gaspésiens et, bien entendu, à ces escapades familiales sur les plages où nous apprenions à observer le paysage, à écouter le mouvement des vagues, à regarder la lumière bleutée et à tenter de décoder le langage des oiseaux du large ». 





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essai 
Lieu de mer et de terre

RECHERCHE SUR L’INDIGNATION ET LA RÉSISTANCE D’UN PEUPLE

site d’exploration 



DÉMARCHE ET RÉFLEXION


La dénonciation des tensions humaines, sociales, géopolitiques et environnementales font plus que jamais l’objet de nos préoccupations. Ces tensions influencent nos valeurs, nos comportements et creusent même nos perceptions, nos émotions tout en alimentant actuellement une «peur durable» par opposition, ironiquement, au « développement durable », appellation qui a été récupérée et banalisée par les institutions et les industries. 

On assiste actuellement, dans plusieurs pays et plusieurs couches de la population, sans égard à la richesse ou à l’âge, à une forme de quête afin de résister et de contrer notre autodestruction, qui semble de plus en plus une finalité irréversible, si aucun mouvement d’opposition ne peut l’arrêter. 

Malgré la dictature du présent et du court terme, ce mouvement gagne à s’enraciner dans une perspective historique, car la résistance est de toutes époques et de tous temps. Cette mémoire réactivée permet de mieux comprendre les processus qui guident la construction et la communication d’un propos politique articulé pour l’actualité. C’est pourquoi, il m’apparaît primordial, par ma démarche, de marquer le temps, en contribuant aux messages livrés pour dénoncer les menaces et alerter l’opinion publique face à la protection de la vie et du patrimoine planétaire. C’est donc à partir de ces réflexions, de cette perspective historique et du rappel des grandes résistances face aux injustices sociales que s’inscrit, dans un geste très modeste de ma part, la conception de ces projets. 

Une approche en lien avec le fil conducteur maritime de mon travail

Il est important de préciser que mon retour à la pratique artistique en 1990 fut consacré à l’apprivoisement des concepts et des approches de recherche. La ré-appropriation de l’environnement maritime de mon enfance, la Gaspésie, fut ma première préoccupation, mon site d’exploration. Ce n’est qu’en 2010 que j’intègre à certains travaux un message politico-social en lien avec la menace des écosystèmes et des influences néfastes que peuvent subir nos régions, notamment quant aux perturbations des migrations des différentes espèces fauniques.

Le monde maritime demeure toujours le fil conducteur de ma recherche. Les projets Tex Mex ou Avril 2010 et Direction Red Fish Valley, qui rappellent le désastre de la plateforme de forage de British Petrolium dans le Golfe du Mexique, évoquent cette dénonciation face à la surexploitation des richesses naturelles et l’augmentation des désastres écologiques. Différentes séries d’encre représentant des oiseaux affectés par ces catastrophes ont aussi fait l’objet d’études exploratoires. La série des carrés de sable présentée au Centre d’art de Kamouraska en 2012 illustre certains événements de notre histoire. Le projet Harponnage réalisé en 2013 s’inscrit aussi dans ce mouvement de contestation et de critique; ce dernier projet faisant état de la mer-mère devant la mort du foetus.

Sans vraiment m’identifier à une école ou mouvement, étant plutôt éclaté, voire éclectique, dans mon travail, je m’inscrit dans l’exploration et l’observation des espaces maritimes. La Gaspésie de mon enfance demeure ce creuset où je puise l’essence même de ma démarche. En fait, le milieu maritime devient cet espace-repère de toute ma réflexion et de ma recherche en arts.  La rencontre avec les éléments forts omniprésents est source d’inspiration. Je revisite ces lieux maritimes développant de nouveaux codes ou signes en enrichissant ce dialogue avec l’observateur. 


PROJET 1 : LE MUR


LE MUR prend la forme d’une sculpture-installation en ayant comme symbolique de la morue séchée (appelée aussi dans le jargon populaire « la morue-sec » ou « la morue plate des anglais «) réelle icône de survivance et de résistance pour le peuple gaspésien.



La fabrication de la morue salée et séchée est l’aboutissement d’un long processus artisanal qui a fait, entre autres, la réputation de la Gaspe Cured au 20e siècle. Mais, ce que l’on doit surtout retenir de cette industrie, c’est le système d’exploitation qui la sous-tendait. Les compagnies jersiaises qui ont pris le monopole de la production de morue salée et séchée au Québec et dans l’est du Canada basaient leur domination sur le contrôle des rives du fleuve (du Golfe à l’océan Atlantique), sur une pêche avide pour la vente sur le marché outre-mer, sur le servage des pêcheurs et de leurs familles, sur l’instauration d’un système de crédit qui maintenait les populations locales captives de la compagnie, dépendantes financièrement, coupées de toute activité pouvant aider leur développement et leur enrichissement, censurées culturellement et linguistiquement. 

Le tout emballé d’une attitude colonialiste et condescendante, comme le rappellent ces recommandations de Charles Robin à ses commis : « Ne brusquez pas les pêcheurs, prenez leurs habitudes, bientôt ils prendront les nôtres…Ne soyez pas arrogants avec eux, ne leur laissez pas voir qu’ils sont les vaincus et nous les vainqueurs… Donnez le nom d’un de leur saint patron à un de nos bateaux, ils ne nous en seront que plus redevants ».

Encore aujourd’hui, les régions ressources, comme la Gaspésie, sont considérées comme des régions à tenir éloignées des centres de décision, et sont perçues comme des sous-régions par plusieurs dirigeants. Actuellement, même si les appellations sont différentes, les images de « région sous-développée », « région en mal de développement » ou « région pilote » sont malheureusement encore bien présentes. Les régions éloignées gagnent toutefois en intérêt et font l’objet de maraudage quand vient le temps d’y exploiter des ressources premières à peu de frais et à l’abri des contraintes environnementales.

Ces visées économiques suscitent de plus en plus de réactions de résistance et de ras le bol  de la part des populations y habitant. Elles ont aussi été touchées par le sentiment d’urgence face à la protection de la planète et font maintenant corps avec d’autres mouvements d’indignation pour corriger le cours des événements. Cette grogne sociale, pour les régions maritimes, trouve une force et une portée particulières, car il s’agit de protéger la mer, dernière nourricière et chance de survie.

LE MUR, tout comme la porte close ou le volet verrouillé, symbolise cette résistance omniprésente bien que parfois passive face à la dévastation et à la menace extérieure. LE MUR sera construit en mémoire des pêcheurs gaspésiens et en hommage à cette population qui occupe et chérit encore ce territoire exceptionnel, qui a fait face à plusieurs assauts.

Élaboré à partir de formes blanches représentant des morues sèches empilées, comme une muraille, LE MUR représente la résistance d’un peuple en état de résignation, de combat et d’affirmation identitaire, long parcours de 400 ans de labeur, de persévérance et d’espoir...encore.

Le MUR sera intégralement blanc. Le blanc représente une valeur limite, la couleur de passage. Le blanc de l’Est est celui du retour, celui de l’aube, riche du potentiel de toutes manifestations. Dans sa symbolique, le blanc est la couleur de la première phase de la vie, de la renaissance. 

Mais LE MUR s’érigera comme un barrage signifiant aussi la séparation-frontière-propriété. Une séparation qui impose la protection, un temps relatif où la communication est coupée pour garder une forme de sécurité territoriale, ou une forme d’oppression, selon le contexte. C’est un temps où le processus de transformation s’impose.

Toutes et tous connaissons bien l’histoire des murs, des barricades ou des murailles; il y a de bons et de mauvais murs qui ont fait l’histoire ou qui font encore l’objet de conflits.

LE MUR propose plutôt ici l’atteinte d’un état de conscience, de résistance, de contestation; ce ras-le-bol généralisé face à la menace externe pour mieux préparer la renaissance et la vie.

Un témoignage livré par des signes iconographiques et littéraires (citations, poèmes, toponymes, étapes historiques de résistance et de conflits) fera partie intégrante de cette installation.  

Je souhaite que l’observateur projette sa réflexion face au MUR (créant ainsi, par extension, une chaîne humaine en opposition au mur humain), dans la lecture et l’éloge à la résistance universelle devant les injustices. (voir croquis)


Projet 2: L’OURSIN


Toujours sous le thème de la résistance je veux concevoir une forme d’OURSIN représentant la maison dôme; espace vide, coquille, lieu de retrait ultime, lieu aussi de renaissance. 

Référant à la symbolique de l’oursin matrice, la «maison» est un lieu de survivance et de régénérescence terrestre. 

Selon certaines représentations, l’OURSIN, associé à l’œuf, est perçu comme porteur des valeurs de repos, de silence, de paix, semblable à la maison, le nid ou la coquille. Il symbolise aussi le siège, le lieu et le sujet de toute transmutation. 

L’idée de la protection de la nature ou de la transformation des êtres dans une intention de résistance face à une volonté de changement demeure l’intérêt premier du message.

Comme le temple, la maison est au centre de l’univers. Le toit percé de la maison s’ouvre pour recevoir le soleil et un trou au sol accueille l’eau de pluie. Dans plusieurs cultures c’est par cet axe central qu’évolue le cycle solaire, le cycle de vie. Dans la symbolique orientale, les quatre éléments y sont représentés (que ce soit pour la maison circulaire ou maison carrée). 

Le projet vise donc à représenter, par l’oursin-maison, ces lieux de renaissances et de vie. La représentation de cet état fait aussi appel à la survie, comme dans une caverne où l’on se protège des menaces extérieures.

Cet état demeure encore aujourd’hui présent dans notre actualité politique et sociale. Les campements - tentes ou abris - des indignés pacifiques du 15 septembre 2011 dans 1 051 villes de 90 pays du monde visant un changement global est une des démonstrations manifestes de cette résistance face à la dégradation planétaire issue de la bêtise humaine. 

Je crois que le mouvement de résistance et le cri de ralliement face à la menace de notre propre destruction demeurent très présents dans nos vies. Passant de l’individu, à la société, à la planète entière, tout en traversant des dimensions spirituelles (tensions religieuses) ou purement matérielles (partage de la richesse) et spatiales (conflits des frontières et guerres économiques), nous avons ce sentiment de peur et d’effroi face à cette menace, anticipant ainsi le sort légué à nos générations futures.

L’OURSIN représente ce lieu de ralliement, cette retraite vers un refuge protégé, la «maison», et cela dans une optique de préparation de la résistance. 

Cette forme sera construite de bois, une matière organique indispensable. Dans sa symbolique, cette matière noble est au centre de la vie, telle une réserve de fraîcheur, d’eau et de chaleur qui y est associée, comme une sorte de matrice. Elle est la source de la régénérescence. 

Par cette intervention je souhaite donc faire prendre conscience de l’importance de la solidarité au cœur même de la «maison». (voir croquis)


PROJET 3: LE BANC (ou cimetière marin)


Dans le vocabulaire géographique maritime, le BANC décrit des fonds marins peu profonds où se concentrent les morues, lieu propice à la pêche. 

Les pêcheurs gaspésiens désignaient aussi comme «bancs » les flèches de sable ou les bancs de sable créés bien souvent par la rencontre de rivières avec la mer et qui étaient utilisés soit pour installer des sites saisonniers ou lieux d’habitation permanents ou encore les installations de pêche des compagnies. 

On nommait aussi ces bancs des « barachois ».  Pour certains, ce mot viendrait du terme français « barre à choir » car on y faisait choir les embarcations au retour de la pêche, pour les protéger des intempéries et des courants forts. Pour d’autres, il serait d’origine basque (barratxoa, signifiant « petite barre »). La définition proposée finalement est celle « d’étendue d'eau séparée de la mer par un banc de sable ». Les bancs de Paspébiac et de Rivière-au-Renard, en Gaspésie, tirent leur nom de cette expression. Il y a aussi Barachois, un petit village gaspésien qui rappelle ces installations de pêche protégées. (référence au texte de Mario Mimeault, site Internet)

Cette piste historique m’a amené à faire un parallèle entre ces lieux physiques et leur évocation symbolique de la résistance d’un peuple face à la mer omniprésente. Une terre au milieu d’une mer qui représentait l’espoir, un lieu qui a inspiré mainte promesses de survivance.

Dans l’esprit du travail de l'artiste Michel Goulet qui, avec la représentation des chaises, symbole fort qu’il intègre dans plusieurs de ses installations (Vigies, Tables et Rêver le nouveau monde, pour n’en citer que trois), je souhaite provoquer auprès de l’observateur ce sentiment de présence et de résistance.

Nous devons commencer à apprendre à vivre quelque part mais nous devons aussi réapprendre à protéger l’espace commun. Dans un texte sur l’œuvre Vigies, Michel Goulet souligne : 
« Trois sentiers mènent à une carte du monde, symbole de notre milieu de vie, de nos origines et de nos appétits de découvertes. Les voies de la connaissance, de la prévoyance et du travail sont gardées par trois chaises faisant office de vigies; chacune est identifiée par un objet de bronze, énigmes qui interpellent le passant ».
Lorsqu’il décrit l’œuvre Tables, il mentionne, entre autres :
« J'ai toujours privilégié dans mon travail l'usage d'objets issus du quotidien, des outils, du mobilier domestique mais aussi des signes qui, par convention sociale, sont des précis d'idées et de concepts. Je tiens pour acquis qu'une chaise ou la lettre « A », tout en étant réels, n'ont plus temporairement d'efficacité ou de valeur en soi, mais en tant que signes de quelque chose d'autre. La fonction symbolique de l'art est mieux servie par des associations d'images (ou d'objets) qui animent l'esprit que par celles qui illustrent ou racontent ».
Nous pouvons faire référence aussi à l’oeuvre magistrale de René Derouin, Oro y Sal / Or et sel, une installation faisant référence aux barques et à ses milliers de statuettes, «...dans sa métaphore parfaite de l’esprit qui dérive, enfermé dans la barque fragile de nos corps d’argile, à la recherche - toute d’illusion - d’un lieu où l’or du temps serait aboli.» (référence texte de la Galerie d’art de l’Université de Sherbrooke, octobre 2009, commissaire Suzanne Pressé)
C’est dans cette foulée que je souhaite décrire les «bancs de résidences et de résistance» pour nous rappeler les arrivages et les départs, les occupations comme les installations, les découvertes et les désespoirs mais aussi cet amour et ce rêve d’une vie harmonieuse de terre et de mer. Le BANC sera incarné par une morue d'environ 5 mètres de longueur sur laquelle seront installées plusieurs bâtiments représentant le lieu de force vitale des Gaspésiens, lieu aussi de vie et de mort. 
D’un blanc mât immaculé, ce banc à la silhouette d’une morue séchée faisant office de plateau sur trois pattes, soutiendra des bâtiments et des installations de pêche, comme métaphore de l’esprit disparue d’un lieu jadis vivant. C’est pourquoi j’y fais aussi référence, dans la perspective opposée, au cimetière marin ou au village maritime fantôme...


Je veux dire au monde que nous étions là, témoins de notre propre destruction, témoins  aussi d’un nouvel espoir, d'une renaissance. Et qu’il est temps que les générations du XXIe siècle réagissent !


John Michaud
27 avril 2013


Exemples d'objets-artéfacts qui seront  intégrés à l'installation le "BANC".













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"S'exposer in situ, être en état de danger, et avoir un sentiment d'exaltation" (jm)



La mer, la terre, le ciel… la vie

Nicole Allard
Historienne de l’art


Depuis toujours, John Michaud observe les paysages côtiers qui émaillent le Bas-Saint-Laurent et, surtout, la Gaspésie, son pays natal. Les éléments les plus inattendus, de même que les phénomènes les plus spectaculaires de ce territoire d’appartenance, marqué par la présence humaine, étayent les propos et l’œuvre foncièrement éclectique qu’il donne à découvrir.
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Par le regard à la fois sensible et critique qu’il pose – et ose - sur le monde maritime, l’artiste nous transporte dans de grandes envolées lyriques, ou, à l’inverse, dans l’intimité insoupçonnée d’une nature en constant bouleversement, insistant sur certaines réalités, aboutissant à d’inévitables constats…
De pure énergie ou de pur dépouillement, son travail des dernières années, qui explore la peinture, la gravure, la sculpture et l’installation, s’efforce d’exprimer une mémoire poétique, symbolique et ethnographique du paysage. Plus encore, il témoigne de son extrême fragilité, de la vulnérabilité du vivant qu’il renferme, de son pouvoir de régénérescence, de sa résilience… 
Le monde à nos pieds
Rien d’étonnant, donc, qu’il nous prête les ailes et les yeux du fou de Bassan, l’oiseau emblématique de l’île Bonaventure qui, dans sa frénésie aérienne, emplit l’espace des grands tableaux de la série Envol (2011). Nous voici, oiseaux-motifs, évoluant dans la multitude et la plénitude du ciel, dominant les barachois, les caps abrupts, les rivages où s’égrainent les constructions humaines, si minuscules vues des airs. 
Nous voici, enfin, piquant « en bandes neigeuses »
, dans la mer poissonneuse, nageant parmi les bancs de harengs et de maquereaux ...
L’horizon sans fin
Embrassant d’un même mouvement la mer, la terre, le ciel et la vie foisonnante, ces représentations ascensionnelles sont construites par strates, à l’image des falaises creusées d’anfractuosités qui servent de refuges à ces migrants grégaires aujourd’hui menacés, à mille lieues de leur sanctuaire gaspésien.
Dans la multiplicité des plans et des points de vue, en plongée ou en contre-plongée, qui induit une dynamique interne à ces all-over colorés, se révèlent des univers pluridimensionnels et hiérarchisés. Terre par-dessus mer, mer par-

dessus mer, horizon par-dessus horizon : ces paradis transitoires (aquatique, aérien et humain), habilement mis en abyme, semblent vouloir se projeter à l’infini…
Le territoire-mémoire
Autant l’artiste tient à montrer la complexité, l’interdépendance et les zones de rupture découlant de cet ordre implacable qui gouverne le paysage, autant cherche-t-il aussi à en isoler les éléments distinctifs et significatifs.
Dessinés d’un geste libre et spontané, réduits à leur état structurel, quais, fascines, chafauds, vigneaux, salebarbes et autres gréements, vestiges d’un passé maritime glorieux, témoins de la survivance des hommes, inspirent les idéogrammes minimalistes de la série AEncrages (2011-2012). Cette calligraphie vigoureuse, pourtant au bord de la dématérialisation et de l’effacement, devient un plaidoyer contre l’oubli, la perte insidieuse d’un patrimoine identitaire précieux.
Le fameux rocher et son île, silhouettes fantomatiques à peine esquissées, les barques, les bouées, etc., ne sont plus que souvenirs épars, formes flottantes et lignes stylisée s. Les galets, les bois flottés, les coquillages, etc., récupérés en bord de mer – qu’il intègrera sans doute un jour à ses installations ou qu’il transformera en motifs dans ses peintures et ses estampes – ne sont que réminiscences d’un milieu qui est et a été…
La vie, toujours…
La mémoire s’érode et se renouvelle. Mais elle n’est pas que nostalgique. Quiconque a déjà fait l’expérience du littoral connait les forces façonneuses du paysage : le va-et-vient des vagues qui fait subrepticement reculer les terres et déplacer les grèves, l’action du vent qui fait s’incliner les arbres chétifs... Ceux de la série Chablis (2013) parlent d’enracinement et de résistance.
À la défense du terreau fragile qui est le leur, ils s’accrochent en front de mer, s’alignent et s’enchevêtrent jusqu’à ressembler à des barbelés impénétrables.

Les motifs-repères
John Michaud sait évoquer, c’est indéniable. Il sait aussi montrer. Et faire. Outre l’utilisation tantôt nuancée, tantôt franche, de la couleur qui en fait un coloriste habile, le sens de la composition et de la dynamique spatiale inné, la puissance graphique de sa production étonne et séduit.
La maîtrise du dessin, la répétition de motifs, l’intervention de signes et de codes tant organiques que géométriques, générant des tensions de surface et des points focaux, y sont pour beaucoup. 
Déjà vus, consignés, reformulés ou carrément inventés, motifs-repères et motifs-symboles alimentent le vaste répertoire iconographique dans lequel l’artiste puise librement. Ce travail de codification, de stylisation et de synthèse contribue à l’élaboration d’une véritable typologie des formes de la nature et des éléments construits du paysage gaspésien. 
Un univers en gestation
S’il y a bien quelques soupçons de la fantasmagorie de Miro, des perspectives audacieuses de Milton Avery et, plus près de nous - beaucoup plus près de nous -, de Riopelle, pour le bouillonnement, et de Kittie Bruneau, pour l’attachement au territoire gaspésien et pour l’invention d’une mythologie personnelle, l’univers en gestation de John Michaud, tout imprégné de ces modèles qu’il assimile et revisite fréquemment dans ses œuvres, ose son propre vocabulaire, sa propre imagerie.
Au-delà des simples considérations plastiques, sa démarche tend à se préciser et à se « personnaliser » davantage grâce à l’approche multidisciplinaire adoptée au départ et grâce aussi à l’expérimentation continuelle de supports, de matières et de techniques nouvelles. 
Approche exploratoire, quête esthétique éclatée et préoccupations constantes face à l’environnement et à la destinée du « vivant », thèmes centraux de son œuvre, s’inscrivent au final dans l’universalité de l’art et du monde actuel.

mai 2013


i Anne Hébert, Les fous de Bassan, Paris, Seuil, 1982.